Le régime Paléo-Cétogène : Interview des docteurs Tóth & Clemens

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Tout le monde a déjà dû entendre parler au moins une fois du régime Paléo. Et depuis quelques années, le régime cétogène – pour sa part –commence à se faire connaitre aussi bien dans les médias que dans le milieu scientifique.

Aujourd’hui nous allons nous intéresser à une approche alimentaire qui associe ces deux mondes, avec des résultats cliniques probants, du nom de « Paléo-Cétogène ». Ce régime alimentaire a été mis au point par l’équipe de la clinique Paleomedicina en Hongrie dirigée notamment par les docteurs Csaba Tóth & Zsófia Clemens, qui nous ont fait l’honneur de répondre à nos questions. Mais avant d’entrer plus en détail dans le sujet avec ces pionniers, voici quelques bases utiles.

Le régime « Paléo-Cétogène » c’est quoi ?

Si l’alimentation cétogène est toujours confidentielle, l’approche paléo-cétogène l’est encore plus. Dans ce régime, suivi d’abord dans un objectif thérapeutique précis, on conserve uniquement des aliments bruts, presque exclusivement du règne animal tout en privilégiant les morceaux les plus denses en micronutriments c’est-à-dire les morceaux peu ou pas consommés de nos jours. En résumé on ne conserve que les ingrédients cétogènes compatibles avec une approche paléo. Ou on peut dire ça dans l’autre sens : seuls sont inclus les ingrédients disponibles à l’époque du paléolithique permettant une cétose nutritionnelle.

Quels sont ces aliments utilisés en Paléo-Cétogène ?

  • Viande grasse issue d’un élevage en pâturage avec un ratio de deux fois plus de lipides que de protéines (en grammes) c’est-à-dire un ratio cétogène autour de 4 : 1. On utilise en majorité des morceaux denses en nutriments : les abats, cervelle, moelle, sang etc… parfois hachés et transformés en saucisses, plus agréables à consommer
  • Légumes uniquement présents à l’époque paléolithique. Pas de fruits.
  • Les œufs seront exclus au début du protocole, puis réintroduits dans un second temps
  • Le thé et les tisanes sont exclus. Le café aussi au début puis il est réintroduit en petite quantité
  • Aucun nitrate dans les viandes
  • Aucun sucrant en dehors du miel en toute petite quantité, aucun édulcorant
  • Pas de produits laitiers

Concrètement il n’est pas question de cuisiner dans cette approche alimentaire, mais de cuire des aliments bruts et de les juxtaposer.

Que peut-on attendre de cette approche alimentaire ?

  • Stopper l’évolution d’un diabète de type I[1]
  • Inverser une hyperperméabilité intestinale
  • Inverser l’évolution d’une maladie auto-immune
  • Lutter contre un cancer [2] [3] [4] [5] [6]
  • Lutter contre le syndrome de Gilbert[7]
  • Inverser une obésité, un diabète de type II, une hypertension[8]
  • Réduire ou faire disparaitre l’épilepsie[9]
  • Guérir de la maladie de Crohn[10]

Les travaux effectués en Hongrie sur l’approche Paléo-Cétogène sont plus que sérieux et les patients traités ainsi bénéficient des mesures les plus pointues permettant de suivre l’évolution de leurs pathologies. Sur le site internet de Paleomedicina vous pourrez trouver un aperçu de leurs publications scientifiques.

Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions aux deux personnes à l’initiative de la création de ce protocole « paléo-cétogène » : le Dr Zsófia Clemens et le Dr Csaba Tóth.

EatFat2BeFit : Tout d’abord Zsófia et Czaba je vous remercie au nom de toute la communauté LCHF francophone de nous offrir un peu de votre temps pour répondre à nos questions. Pouvez-vous vous présenter ? Pouvez-vous nous expliquer votre cheminement professionnel jusqu’à la création de la clinique Paleomedicina ?

Csaba Tóth : J’ai commencé mes études de médecine à l’Académie militaire Kirov de Saint-Pétersbourg, où j’ai étudié la médecine aérospatiale. Pendant ce temps, je travaillais comme assistant au laboratoire de sérologie virale du département de biochimie. Au cours des trois années suivantes, j’ai terminé mes études à l’Université de Szeged, Faculté de médecine. Pendant les années universitaires, j’ai travaillé au service des urgences et aussi au département de génétique en tant qu’assistant de recherche. Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai travaillé comme médecin à l’unité des soins intensifs en chirurgie cardiovasculaire, au service de médecine interne et aussi au service des urgences. En gravissant les échelons, j’ai atteint des postes de haut niveau dans des entreprises pharmaceutiques, où j’ai acquis des expériences utiles. Après cinq ans, j’ai senti qu’il valait mieux retourner sur la guérison. J’ai travaillé comme médecin généraliste, et à partir de 2014 je n’ai travaillé qu’en cabinet privé et j’ai rejoint l’ICMNI (International Centre for Medical Nutritional Intervention, anciennement Paleomedicina Hungary), et ai participé à leur projet de recherche. J’utilise le populaire régime paléo pour le traitement des patients depuis 2009 et le régime paléo-cétogène depuis 2012. Nous avons ouvert notre clinique en 2012. Je pense que nous sommes la seule clinique au niveau mondial, où seule la thérapie nutritionnelle est utilisée pour traiter les patients. J’ai eu des raisons personnelles d’utiliser des thérapies diététiques, qui sont devenues importantes pour moi en raison de mes propres maladies graves. Actuellement, j’ai 23 ans d’expérience clinique, dont 9 ans d’intervention nutritionnelle.

Zsófia Clemens : J’ai obtenu mon diplôme de biologiste chercheur à l’Université Eotvos Lorand (ELTE), Faculté des sciences. L’épilepsie, le sommeil et l’activité électrique du cerveau étaient les principaux sujets de ma recherche de doctorat. Bien que j’ai été chercheur, j’ai toujours travaillé dans le domaine de la santé avec des patients atteints de troubles neurologiques, il était donc inévitable pour moi d’apprendre à connaître le régime cétogène. Aujourd’hui, l’épilepsie est la seule maladie pour laquelle l’alimentation cétogène est une thérapie scientifiquement reconnue. Au cours de mes recherches, j’ai étudié la vitamine D. En 2012, nous avons étudié l’effet de la vitamine D3 sur les crises d’épilepsie avec mes collègues neurologues pour la toute première fois. Nous avons rapporté que la vitamine D3 réduit le nombre de crises de 40% en moyenne, ce qui est un résultat surprenant car ce n’était pas un antiépileptique coûteux, mais ” juste ” une vitamine bon marché. Csaba Tóth m’a alors familiarisé avec le régime paléolithique à base de graisse et de viande, et j’ai reconnu le potentiel de la médecine évolutive dont la vitamine D n’était que l’introduction. Le cadre officiel dans lequel je travaillais à l’époque ne permettait pas cette approche.

Ainsi, nous avons quitté la scène de la médecine conventionnelle et, en 2012, nous avons commencé notre coopération avec Csaba Tóth : nous avons construit notre propre système, l’ICMNI (Paleomedicina Hungary) pas à pas, sans aucune aide extérieure (et malgré la malveillance). Nous avons créé le centre de rééducation, développé les tests de perméabilité membranaire, le protocole de prise en charge des maladies auto-immunes et des cancers et commencé à publier nos résultats.

EatFat2BeFit : L’alimentation cétogène est peu connue en France, et seulement quelques personnes sont informées de vos travaux sur l’approche « Paléo-Cétogène ». Pouvez-vous nous expliquer la genèse de votre approche ? Comment année après année vos travaux vous ont conduit à la mise au point du protocole « Paléo-Cétogène » ?

Csaba Tóth : Comme je l’ai mentionné précédemment, les thérapies d’intervention en nutrition ont d’abord été commencées en utilisant le populaire régime Paléo. J’ai eu beaucoup de patients à cette époque car le régime paléolithique était très connu en Hongrie. Il est vite devenu évident que l’alimentation paléolithique a de graves effets secondaires et carences. D’après les commentaires de mes patients, j’ai pu adapter progressivement ce régime alimentaire pour le rendre sûr et efficace. Il s’est rapidement avéré que la proportion élevée de compléments alimentaires, d’huiles végétales, de légumes, de fruits et de médicaments provoque des symptômes, des plaintes et de nouvelles maladies. Pour déterminer si un type d’aliment est utile et tolérable ou non, nous ne nous sommes jamais fiés à notre propre jugement et à notre intuition, mais nous avons toujours utilisé des tests de laboratoire, des tests d’imagerie et les résultats de ces tests. En d’autres termes, nous ne nous sommes pas appuyés sur des facteurs subjectifs, mais nous avons élaboré des indicateurs objectifs. La réflexion clinique et la recherche ont façonné le régime paléo-cétogène. Après un certain temps, il est devenu évident qu’il s’agit d’une alimentation saine. La cétose est notre condition physiologique, soutenue par les données de milliers de patients. Pour obtenir des résultats exceptionnels, il faut toujours un peu de chance, en plus de cela, nous savons aussi que les humains sont motivés par le désir de savoir et l’enthousiasme de la recherche. C’était une telle chance que je connaissais très bien les médicaments, en raison de mon expérience thérapeutique intensive ainsi que de mon expérience en médecine interne. Bien sûr, je connaissais non seulement leur nom, mais aussi leurs propriétés pharmacologiques. J’ai appris facilement comment commencer l’arrêt du traitement médical. L’un des grands avantages du régime paléo-cétogène (PKD) est que les pharmacothérapies deviendront inutiles. J’ai eu de la chance parce que nous ne cherchions pas des résultats comme les autres chercheurs. Ils étaient déjà là, car nous avons pu guérir un patient atteint de diabète de type 1 tout en augmentant sa propre sécrétion d’insuline. Nous avons pu également guérir un patient atteint de la maladie de Crohn afin qu’il n’ait pas besoin de thérapie biologique. Nous devions “juste” découvrir pourquoi le patient a pu guérir. Nous avons dû passer en revue les excellents travaux de nos prédécesseurs, et il est immédiatement devenu évident que nous pouvions guérir la perméabilité intestinale anormale qui est la cause des maladies auto-immunes. Nous étions sur le point de comprendre pourquoi la PKD est plus efficace en pratique clinique que le régime cétogène classique. La solution réside dans le fonctionnement du système de membrane. Il y a 4-5 ans, après avoir passé en revue les données et les résultats de tests recueillis pendant la rééducation des patients, il est devenu évident que la PKD n’a pas d’effets secondaires contrairement au régime cétogène classique.

EatFat2BeFit : J’aimerais que vous nous fassiez découvrir votre protocole Paléo-Cétogène. Quels sont les aliments les plus importants, les organes des animaux plutôt que les morceaux maigres ? Quels sont les végétaux autorisés ?

Csaba Tóth : Le protocole est un système simple mais cohérent. Mangez si vous avez faim et buvez quand vous avez soif ! Pour atteindre la cétose, l’alimentation doit contenir principalement de la graisse et de la viande. Vous ne devriez pas manger de plante qui cause une perméabilité intestinale anormale et qui contient des substances nocives. Mangez de la viande d’organes qui sont une grande source de vitamines !

EatFat2BeFit : Le protocole Paléo-Cétogène exclut totalement les produits laitiers. Est-ce pour réduire l’expression de l’auto-immunité, pour inverser l’hyperperméabilité intestinale ou simplement pour exclure un aliment pouvant potentiellement poser un problème chez trop de personnes ?

Csaba Tóth : La question des produits laitiers est un peu plus compliquée qu’on pourrait le croire. La digestion du lactose cause des problèmes pour tout le monde. La capacité de décomposer le lactose commence à diminuer à l’âge de 2 à 3 ans et atteint le niveau minimum à l’âge de 10-12 ans. Vous pouvez conserver cette capacité en mangeant des produits laitiers, mais cela pose des problèmes pour tout le monde. Cependant, ces symptômes sont rarement attribués au lactose. D’ailleurs, le lactose cause aussi une hyperperméabilité intestinale. Le thème du fromage et des matières grasses comme le beurre est un peu différent, il présuppose la connaissance des processus complexes du système immunitaire et des maladies inflammatoires. En bref, si quelqu’un a déjà eu une augmentation de sa perméabilité intestinale, il ne pourra plus jamais manger de protéines de lait sans risque. Les raisons en sont les suivantes :

  1. Après avoir pénétré dans le plasma et les tissus, des fragments d’ARNm de protéines de lait déclenchent une réponse immunitaire.
  2. Les cellules dendritiques sont capables de faire passer les protéines du lait de la lumière intestinale dans le plasma, même sans hyperperméabilité intestinale, et de les présenter aux cellules mémoire du système immunitaire, ce qui déclenche un processus allergique ou auto-immun.
  3. Les processus immunitaires sont des processus qualitatifs, ce qui signifie qu’une seule molécule qui avait auparavant déclenché une réponse immunitaire suffit pour relancer le même processus.

La question est de savoir s’il y a quelqu’un au XXIe siècle qui n’a jamais eu de perméabilité intestinale anormale. La réponse est simple : non ! Les seules exceptions sont les communautés isolées au-delà du cercle arctique, dans les montagnes albanaises ou dans le Caucase.

EatFat2BeFit : Je suis un fervent défenseur de la vitamine D. Notre mode de vie occidental nous a détournés des aliments qui en contiennent, et la phobie du soleil a accéléré les carences graves. Pouvez-vous nous parler de l’importance de la vitamine D dans votre protocole ?

Csaba Tóth : Le protocole thérapeutique que nous utilisons n’a rien qui serait d’une importance capitale par rapport aux autres. Malheureusement, il est généralement accepté par la communauté médicale et aussi par la société qu’un niveau suffisant de vitamine D peut être atteint par l’exposition au soleil. Cependant, ce n’est pas vrai. Si c’était le cas, les régions du Nord seraient inhabitées. Les excellents travaux de chercheurs russes et canadiens montrent que l’alimentation traditionnelle des populations nordiques assure un apport adéquat en vitamine D, quelles que soient la saison et l’exposition au soleil. Il n’y a qu’une seule chose qui semble sans importance, mais qui est essentielle en ce qui concerne la vitamine D. Mais, malheureusement, peu de gens connaissent les faits. La question clé n’est pas seulement la consommation de viande d’organe contenant de la vitamine D, mais aussi le fait d’éviter le fructose. Si le taux de fructose dans les tissus ou le plasma est élevé, l’enzyme 1-alpha-hydroxylase qui transforme la vitamine D inactive en vitamine D active cesse de fonctionner. En d’autres termes, je peux faire produire n’importe quelle quantité de vitamine D par une exposition au soleil, je peux prendre n’importe quelle quantité de suppléments de vitamine D ou manger de la viande d’organe, si je mange aussi des fruits contenant du fructose tous les jours, je n’aurai jamais un taux normal de vitamine D active, ce qui signifie que je serai toujours relativement pauvre en vitamine D. Ce sont là des questions clés. En fait, il est donc plus important d’éviter les fruits et de consommer de la viande d’organes que de prendre des suppléments de vitamine D et de s’exposer au soleil. Selon notre protocole, les patients prennent de fortes doses de vitamine D au début du traitement car nous n’avons pas le temps d’attendre que le niveau requis soit atteint. Dans le cas d’un régime alimentaire bien conduit, ce n’est pas nécessaire, et il est plutôt inutile de répéter la thérapie à forte dose de vitamine D.

EatFat2BeFit : Un autre micronutriment incompris est la vitamine C et nos besoins dans le cadre d’une alimentation pauvre en glucides. Votre étude[11] de 2016 est à ce titre extrêmement intéressante pour ceux qui suivent une alimentation cétogène. Pouvez-vous nous parler un peu de vitamine C dans un contexte LCHF ?

Zsófia Clemens : Le glucose et la vitamine C sont des molécules de structure similaire. Puisqu’ils se lient aux mêmes récepteurs, ils sont en compétition les uns avec les autres pour l’absorption dans les cellules. Ce phénomène est appelé antagonisme glucose-ascorbate. Il s’ensuit également que non seulement la teneur en vitamine C de notre alimentation est cruciale, mais aussi d’autres ingrédients dans notre alimentation. Malheureusement, les légumes et les fruits, en raison de leur forte teneur en sucre, ne sont pas une bonne source de vitamine C. D’après les observations anthropologiques, les groupes de personnes suivant un régime à base de viande et de graisse étaient exempts de scorbut avant leur contact avec la civilisation occidentale. Par exemple, avant les années 1960, le scorbut était complètement inconnu des Inuits.

EatFat2BeFit : Un point central de notre santé se trouve dans notre intestin. L’hyperperméabilité intestinale est devenue un fléau multifactoriel de notre mode de vie moderne provoquant ensuite d’innombrables maladies notamment des maladies auto-immunes. J’ai pu lire que vous étiez en mesure d’inverser l’hyperperméabilité avec une approche « Paléo-Cétogène » c’est absolument remarquable. Pouvez-vous nous en parler un peu ?

Csaba Tóth : L’augmentation de la perméabilité intestinale et le microbiote intestinal n’ont rien à voir l’un avec l’autre. L’augmentation de la perméabilité intestinale est causée par certaines molécules biologiquement actives de médicaments et de plantes, comme les lectines. Il est bien connu que les plantes ont créé une large gamme de composés chimiques pendant des milliards d’années. Le nombre de ces composés est étonnamment élevé, atteignant même des milliers de milliards. Les solanacées peuvent produire au moins 700 000 de ces composés. De plus, non seulement la structure des lectines, mais aussi leurs effets physiologiques peuvent changer de manière significative dans une plante, même en une seule journée. Bien que les plantes ne grognent pas, elles ont encore des armes redoutables. Seules celles dont l’effet est évident sont connues à ce jour, comme celles qui contiennent des toxines mortelles. Mais les autres composés nous causent des dommages invisibles. Une partie importante de ces composés modifie la fonction des membranes biologiques des animaux et des autres plantes. Par conséquent, ils peuvent détruire les jonctions cellulaires et la communication entre les cellules. L’augmentation de la perméabilité intestinale est le résultat de l’impact de ces composés sur notre système digestif. De plus, les lectines végétales ne peuvent pas être éliminées immédiatement par le foie et le système immunitaire. Ils peuvent même circuler dans notre corps pendant des jours. Comme les lectines de cacahuètes. Cela peut également entraîner des changements dans le fonctionnement d’autres membranes. Notre corps est rempli de ces membranes, par exemple la barrière hémato-encéphalique, le placenta, la muqueuse nasale ou les tubules rénaux. La modification de la perméabilité de la membrane entraîne le développement de processus inflammatoires et auto-immuns. Cela signifie qu’avec la normalisation de la perméabilité intestinale, la cause sous-jacente de la maladie auto-immune disparaîtra puisque les protéines étrangères ne peuvent pas pénétrer dans le plasma, le système lymphatique et les tissus. Même si la manifestation des processus auto-immuns est différente, la cause sous-jacente, la perméabilité intestinale anormale est la même. La manifestation des maladies dépend de la structure des protéines consommées car leur structure définit à quels tissus elles sont capables de se lier de façon irréversible. Les petits fragments de protéines de petite taille se lient à nos tissus et forment un complexe immunitaire que notre système immunitaire tente d’éliminer. Une façon d’y parvenir est la destruction apoptotique. En d’autres termes, notre corps détruit ses propres complexes (cellules-protéines) d’origine étrangère. Il s’agit d’une nouvelle approche des maladies auto-immunes. Auparavant, nous avions pensé que le système immunitaire du corps ne fonctionnait pas correctement pour une raison quelconque. En fait, ça marche parfaitement, ça fait son boulot. Si nous stoppons la perméabilité intestinale anormale (hyperperméabilité), nous stoppons la cause des maladies auto-immunes.

EatFat2BeFit : J’ai suivi avec une grande attention toutes vos études aussi bien sur le cancer, l’épilepsie, la maladie de Crohn ou les pathologies auto-immunes comme ce cas de diabète de type I stoppé juste à temps. Pouvez-vous nous parler de vos recherches en cours et de vos futures publications ?

Zsófia Clemens : Nous avons plusieurs études de cas et articles de synthèse en cours. Malheureusement, lorsque nous voulons publier un article, nous rencontrons toujours des difficultés. Les revues médicales refusent automatiquement la théorie selon laquelle une maladie auto-immune peut être guérie. De plus, guérir par l’alimentation, sans aucun médicament, ou même en arrêtant la pharmacothérapie est tout simplement inconcevable pour la plupart des gens. À l’heure actuelle, c’est une idée totalement peu orthodoxe en médecine.

EatFat2BeFit : En suivant votre travail, on se rend compte immédiatement par vos nombreux voyages dans des contrées reculées, de l’immense différence entre des peuples qui vivent toujours comme nos ancêtres et notre mode de vie moderne. Des enfants qui consomment le sang frais des animaux, une exposition au froid quotidienne, la lumière du soleil, le contact permanent avec le monde bactérien du sol et des animaux rendent les populations nomades très résistantes. Notre confort moderne n’a-t-il pas radicalement affaibli notre immunité ?

Csaba Tóth : Cette question nous ramène en fait à la compréhension du processus même des maladies auto-immunes. L’immunité des peuples qui sont loin de la civilisation n’est pas meilleure que la nôtre. La nôtre aussi fonctionne parfaitement, mais leur corps n’est pas alourdi et ne souffre pas. D’autre part, ils ont assez de vitamine D et de vitamine C pour que leur système immunitaire fonctionne efficacement. Nous n’avons pas cela. Surtout parce que nous mangeons des glucides et que la production d’énergie à base de glucose consomme le réservoir biochimique disponible. Selon une vieille observation médicale d’au moins 150 ans, plus nous mangeons de glucides, plus nous avons besoin de vitamines. Une autre chose est que l’environnement “stérile” n’est pas la raison pour laquelle le système immunitaire ne fonctionne pas correctement.

EatFat2BeFit : En France il est vraiment très difficile de trouver des médecins formés à l’alimentation cétogène. Est-ce possible pour un Français d’être soigné en Hongrie dans votre clinique et si oui, comme ça se déroule ?

Zsófia Clemens : Dans tous les cas, le dossier médical du patient est demandé à l’avance. Après examen, la consultation en ligne peut avoir lieu. Pour les patients qui ont des problèmes plus complexes, nous recommandons notre centre de rééducation où les patients peuvent commencer leur thérapie sous surveillance médicale, sans le risque habituel d’erreurs initiales dans l’alimentation, avec un feed-back continu et avec un processus d’apprentissage pas à pas de la gestion de leur propre état.

EatFat2BeFit : Csaba Tóth et Zsófia Clemens au nom de tous les membres de EatFat2Befit, et de tous les francophones qui s’intéressent à l’alimentation cétogène, je vous remercie sincèrement pour cet entretien et pour tous vos travaux de recherches dont nous profitons tous.

Pour contacter la clinique Paleomedicina en Hongrie (à contacter en anglais) :


Références :

[1] https://www.researchgate.net/publication/267810000

[2] https://www.researchgate.net/publication/322570681

[3] http://pubs.sciepub.com/jcrt/6/1/1/

[4] http://pubs.sciepub.com/jcrt/5/3/2/

[5] https://www.researchgate.net/publication/308222208

[6] http://pubs.sciepub.com/ajmcr/5/8/3/

[7] http://pubs.sciepub.com/ajmcr/3/4/9/

[8] https://doi.org/10.5348/ijcri-201530-CR-10491

[9] https://doi.org/10.1007/s40120-013-0013-2

[10] https://www.researchgate.net/publication/306373055

[11] https://doi.org/10.15310/2334-3591.1030

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18 réponses sur « Le régime Paléo-Cétogène : Interview des docteurs Tóth & Clemens »

Très intéressant, merci.
C’est donc cette approche que vou mettriez en avant dans un guide pour inverser l’hyperperméabilité intestinale ?

Aurez-vous l’occasion de nous en dire plus sur l’impact de la consommation de fructose sur le taux de Vitamine D disponible ? Qu’est-ce que consommer régulièrement des fruits en veillant à ne jamais sortir de cétose implique exactement ?
Merci.

Oh lala ça fait cogiter…adieu maladies, adieu médocs…meme toutes ces tripotés de compléments alimentaires… Combien de personnes pourraient se relever et marcher en santé…si cela était connu et pratiqué? Dans les apparences aujourd’hui c’est un peu “David contre Goliath” …..(mais n’oublions pas quand meme que David a remporté la victoire)…Mais les Hongrois ont surement une autre mentalité et flexibilité que n’ont pas encore les Français et le monde francophone..Puisse déjà, un chemin se faire, pour amener la connaissance de mode paléo cetongène et aussi une ouverture d’esprit dans le monde médical! ….Merci Ulrich tu as vraiment fait fort avec ce nouveau partage. Soyez bénis tous les deux

Dans l’article il est dit que le fructose empêche l’activation de la vitamine D, or cette phrase “Si le taux de fructose dans les tissus ou le plasma est peu élevé, l’enzyme 1-alpha-hydroxylase qui transforme la vitamine D inactive en vitamine D active cesse de fonctionner.” signifie l’inverse.
Il faudrait plutôt écrire “Si le taux de fructose dans les tissus ou le plasma est élevé, l’enzyme 1-alpha-hydroxylase qui transforme la vitamine D inactive en vitamine D active cesse de fonctionner.”

bien entendu les échanges ont eu lieu en anglais. Voici la phrase d’origine : ” If the tissue or plasma fructose level is minimally elevated, the 1-alpha-hydroxylase enzyme which converts the inactive vitamin D to active vitamin D stops functioning.”
J’ai demandé une confirmation au Dr Toth, que j’attends toujours. Ne l’ayant pas, je ne peux pas librement changer ses mots. Ce sera fait une fois dès que j’ai une réponse de sa part.

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