Vincent arrive à la cinquantaine avec 130 kg sur la balance et la conviction de l’urgence de perdre du poids.
En adoptant l’alimentation cétogène LCHF, Vincent a pu dire au revoir à 22 kg en 14 mois. A mi-chemin de son objectif, il partage avec nous ses impressions.
EatFat2BeFit : Nous tenons à vous remercier pour cet entretien. Tout d’abord pouvez-vous vous présenter, et nous expliquer votre façon de vous alimenter avant d’avoir pris la décision du changement ?
Vincent : Profession sédentaire, presque la cinquantaine, presque toujours en fort surpoids depuis l’âge de 20 ans. Habitué des régimes… Après une jeunesse sportive (natation à haut niveau jusqu’au bac), ma pratique sportive est devenue épisodique dans ma vingtaine, et quasi nulle depuis ma trentième année. Aussi je me suis mis à enfler, enfler.
Après être passé de 78 kg (pour 1m85) à 112 entre l’âge de 18 et 25 ans, j’ai eu une expérience de régime réussie à cette époque avec la méthode Montignac, où j’ai perdu 24 kg en 26 semaines. C’était en 1992. Le seul problème est que par manque de rigueur intellectuelle dans la gestion de l’après régime, cette méthode ne m’a pas permis de comprendre comment ne pas reprendre de poids. Alors entre 1992 et 2000, je suis graduellement, par paliers de 4 à 5 kilos, repassé de 88 à 110, puis progressivement 115, 120… A la fin des années 2000, j’ai décidé de me faire suivre par une diététicienne. Tout en ayant l’impression de faire attention à ce que je mangeais (réflexes “montignaciens”), je perdais et regonflais aussi vite. Pire encore, j’avais l’impression d’être “addict” à la nourriture, et plus particulièrement les “saloperies”, pardon du terme: bidules apéritifs, tartines de tout et n’importe quoi. Sur la fin, je n’arrivais plus à contrôler mes pulsions de grignotage. il y a 14 mois, en sortant des fêtes, j’avais cassé à la hausse la barre des 130 kg… J’étais désespéré au point d’envisager de me faire réduire l’estomac. Mais devant les contraintes que cela représentait, j’ai tenté de “trouver autre chose”. Et là, le hasard m’a mis sur la route de l’alimentation LCHF.
EatFat2BeFit : Comment avez-vous connu l’alimentation LCHF et pourquoi l’avoir choisie ?
Vincent : Pour être franc, au début, je n’y croyais pas trop. Ne m’étant renseigné que superficiellement sur le sujet, je ne voyais pas les différences avec Montignac (c’est corrigé depuis !), et je ne voyais pas comment un régime qui avait marché certes, mais que je n’arrivais plus à suivre et contre lequel mon organisme semblait se battre, pouvait fonctionner encore.
C’est là que les infos reçues via EatFat2beFit, qui fut ma première source d’info LCHF, ont été décisives. J’ai décidé d’acheter le livre de Westman (nouveau régime Atkins) et ai correspondu avec Ulrich Genisson pour préparer ce que je considérais comme ma tentative de la dernière chance avant opération traumatisante. Ce qui m’a décidé à franchir le pas ? Découvrir que l’équipe de rugby de Nouvelle Zélande avait adopté une alimentation LCHF. Je me suis dit que si c’était bon pour eux, ce serait bon pour moi. J’ai également été sensible à de nombreux témoignages affirmant que, contre-intuitivement, manger gras améliorait les constantes sanguines de type cholestérol et triglycérides. Je me suis alors dit que je n’avais de toute façon rien à perdre, et je me suis lancé.
EatFat2BeFit : Comment se sont passés vos débuts ? Avez-vous démarré de manière stricte sans écarts, ou y êtes-vous allés progressivement ?
Vincent : J’ai démarré en mode “intégriste”. Quand on décide d’y aller, il faut le faire sérieusement. J’ai dès le premier jour décidé d’arrêter tout sucre, tout amidon, et je me suis assuré que les quantités de légumes verts que je conservais dans mon alimentation me tenaient en dessous des 12-15g de glucides quotidiens préconisés par Westmann lors des 2-3 premières semaines de régime. Je n’ai pas pesé mes aliments, mais j’ai, en bon ingénieur, vérifié que tous les ordres de grandeur de ce que je mangeais me maintenaient dans les clous.
EatFat2BeFit : Avez-vous été fatigué, avez-vous éprouvé d’autres effets indésirables ?
Vincent : Et bien non, bien que j’aie lu d’autres témoignages évoquant une fatigue en début de régime, ça n’a pas été le cas. En fait, dès le début, j’ai ressenti une “patate” extraordinaire. Il est vrai que dès la première semaine, j’ai laissé 2.5kg sur la balance: le moral s’en est extraordinairement ressenti.
Et mieux encore: je n’avais plus faim. Dès la première semaine, mes envies de grignoter ont disparu ! J’ai commencé en Janvier 2016. Au bureau, c’est la période des galettes des rois: je n’ai eu aucune tentation d’y toucher, et aucun manque ressenti, alors qu’auparavant, je me serais jeté dessus comme un goinfre. Mes collègues de travail ont été très surpris !
Le seul effet indésirable ressenti assez vite fut… une constipation vraiment très douloureuse. Là encore, le forum EatFat2beFit m’a apporté la solution: boire une eau riche en magnésium. Je suis devenu Héparophile ! J’en consomme 2 packs par semaine.
EatFat2BeFit : Surveillez-vous votre cétose avec des bandelettes ou un outil électronique ?
Vincent : Non, je n’ai pas poussé le professionnalisme jusque là. Question indicateur, la décrue de mon poids sur la balance me suffisait amplement.
EatFat2BeFit : Avez-vous été accompagné par des professionnels de santé dans cette démarche ou avez-vous abordé l’alimentation LCHF seul ?
Vincent : Non, et non. Ma diététicienne, en 4 ans de mauvais et loyaux services, ne m’avait jamais évoqué ne serait-ce que l’existence des régimes LCHF. Je sais qu’il n’est pas raisonnable de tirer une généralité d’un seul cas, mais disons qu’elle n’a pas contribué à redorer le prestige de la profession dans mon esprit.
Mais je n’étais pas seul pour autant: le fait de pouvoir partager mon expérience avec les autres membres du groupe facebook eatfat2beFit, et d’apprendre des expériences des autres, m’a permis de persévérer, notamment dans les moments un peu plus difficiles.
EatFat2BeFit : Prenez vous des compléments alimentaires ? Si non, comptez-vous le faire ?
Vincent : Aucun. Mais j’étudie la question, surtout pour la vitamine D.
EatFat2BeFit : Qui cuisine à la maison ?
Vincent : Moi. Je ne me débrouille pas trop mal, mais je ne cuisine que le salé, je n’ai jamais eu le don pour les desserts, qui restent le domaine réservé de mon épouse.
EatFat2BeFit : Comment se passe concrètement une journée alimentaire pour vous ? Votre travail semble très prenant, alors comment vous organisez-vous au quotidien, en particulier au travail ?
Vincent : Je travaille à 50km de chez moi, je mange donc tous les midis au restaurant. Quand je suis au bureau, pas de problème, mon restaurateur de village me connaît, il n’y a jamais de pain sur ma table, et son menu propose toujours une grillade quand aucun autre plat ne peut convenir, donc je sais que je pourrais manger. Quand mes déplacements me poussent à trouver un autre restaurant, je cherche la grillade. Si je ne trouve pas, je saute un repas. C’est un des avantages de la méthode, je peux sauter un repas sans difficulté, et ne pas en être fatigué, ni même avoir envie de surcompenser le soir.
Pour le petit déjeuner, j’alterne fromages, œufs, charcuteries, ou poissons gras, avec ou sans café selon mon humeur. Et le soir, je cuisine pour la famille, donc je maîtrise ce que je mange. D’ailleurs, le soir, en général, je mange assez peu, au grand étonnement initial de mes proches, qui me connaissaient plutôt glouton.
EatFat2BeFit : Avez-vous introduit de nouveaux aliments ? Lesquels ?
Vincent : Pas d’aliments “improbables” (je suis dubitatif quand j’entends parler de Kefir ou d’huile de noix de coco… J’essaierai un jour, promis !), mais j’ai considérablement élargi ma base de légumes (courges, fenouil, celeri rave, haricots mungo, etc…) et j’ai découvert les farines alternatives grasses, comme le lupin ou le lin. Et j’ai recommencé à cuisiner au beurre, alors que l’on m’avait mis dans la tête de n’en plus rien faire !
EatFat2BeFit : Quels sont les aliments que vous aimiez et que vous ne mangez plus ? Quel degré de difficulté pour vous cela a représenté de les bannir ?
Vincent : J’adore le bon pain, les pâtes, le riz, la semoule, ou les gâteaux de grands pâtissiers. Et pourtant, j’avoue ne pas avoir de difficulté à ne plus y toucher.
Quand j’aurais atteint mes objectifs de poids (je suis à la moitié du chemin), je pense que je me permettrai de rares excès. Mais ils seront toujours associé à la qualité et au plaisir. Par exemple, cet année, lors des fêtes, j’ai, comme chaque année, fréquenté quelques tables gastronomiques. J’ai évité les pains (bien qu’ils y soient excellents) et j’ai choisi mes plats en limitant les dégâts, mais j’ai tout de même mangé les desserts…
EatFat2BeFit : Aimez-vous manger en général ? Considérez-vous cette diète comme savoureuse ou incompatible avec le plaisir de manger ?
Vincent : J’adore manger, et la diète LCHF permet de très bien manger, tant qu’on reste dans le salé. Tenez, ce week end, c’était Osso Bucco et frites de courgettes (la recette de Nelly…), cela n’a rien de triste, croyez moi ! Par contre, je n’ai pas le temps d’apprendre les desserts Kéto, donc pour l’instant, je reste sur le salé. Mon unique tentative de cupcakes au cacao s’est soldée par un désastre gustatif !
EatFat2BeFit : Comment gérez-vous les repas à l’extérieur, au restaurant ou en famille ?
Vincent : J’ai déjà évoqué le restaurant. En général, on arrive à limiter les dégâts, les restaurateurs savent le plus souvent écouter les besoins des clients. Et puis par réflexe, je ne touche plus au pain sur la table ou au sucre avec les cafés, c’est comme un refus mental de toucher ne serait-ce que du bout des doigts ces aliments.
Par contre, en société, si je dois dîner chez des gens qui ne connaissent pas le LCHF… et bien tant pis, je mange ce que l’on me sert. Je ne fais aucun prosélytisme (les prosélytes sont souvent mal perçus, quel que soit le sujet) et je tente de limiter les dégâts discrètement, en sachant que de toute façon, le poids repris sera assez vite reperdu.
EatFat2BeFit : Considérez-vous la diète cétogène comme handicapante d’un point de vue social ? Comment survivez-vous en ne consommant presque plus de glucides dans un environnement où ils sont partout ?
Vincent : Franchement non. Bien sûr, parfois, quand on déjeune à plusieurs entre collègues, mes demandes au restaurateur surprennent et peuvent susciter des questions. Mais les gens comprennent. Et puis ils m’ont vu fondre aussi.
EatFat2BeFit : Faisiez-vous du sport avant et en faites-vous maintenant ?
Vincent : J’ai arrêté à la trentaine, sauf parfois en vacances (ski, randonnée). Pas le temps, et peur de m’épuiser à cause de mon surpoids. Mais j’y pense à nouveau…
EatFat2BeFit : Êtes-vous sensible à l’aspect santé de cette diète en termes de prévention des maladies métaboliques ?
Vincent : Oui ! J’avoue que j’étais inquiet au départ. Malgré les témoignages rassurants que j’avais lus avant de commencer, j’avais peur de voir mes constantes sanguines exploser sur le gras. Mais j’ai pu comparer mes analyses récentes avec celles d’avant régime, et toutes mes mesures sont en nette amélioration. Mon généraliste m’a félicité (et a été surpris quand je lui ai dit comment j’y suis parvenu. Il y a du boulot dans le milieu médical…).
EatFat2BeFit : Est-ce désormais votre alimentation – une sorte de philosophie alimentaire – ou bien pensez-vous cesser de manger cétogène un jour ?
Vincent : Clairement, je suis LCHF 4 life. Comme je l’ai dit, une fois mes objectifs atteints, l’écart sera l’exception et limité à des expériences à haut plaisir ajouté.
EatFat2BeFit : Quel bilan global faites-vous de l’alimentation LCHF, quels sont les bienfaits que vous a apporté la diète cétogène en dehors de votre perte de poids ?
Vincent : Dès les premiers jours : plus de mal de dos le matin au réveil, niveau de ronflements réduit de façon considérable (mon épouse apprécie énormément), plus de somnolences au volant le soir en rentrant du travail, plus de coups de barre, plus de frénésie de grignotage, une impression de forme physique en nette amélioration…
Tenez, une anecdote. Je viens de passer une semaine au ski, la première depuis 4 ans. J’ai fait des journées 9h-16h non stop sans manger, sans ressentir autre chose qu’un léger mal de cuisses tout à fait normal au ski, et surtout sans avoir envie de me jeter sur tout et n’importe quoi en rentrant. Une petite collation (fromage, fruits à coque), et je pouvais attendre le repas du soir sans difficulté. Deux ans avant, avec 20kg de plus, le seul fait de grimper une côte en marchant m’essoufflait. Aujourd’hui, je sens que je suis mûr pour reprendre une pratique sportive de basse intensité sans souci.
EatFat2BeFit : Abordons maintenant spécifiquement votre perte de poids qui a motivé vos changements. Nous savons que vous suivez scrupuleusement son évolution. Pouvez-vous partager cette remarquable évolution avec nous ?
©Vincent Benard
Vincent : La perte de poids a suivi une courbe d’abord très raide puis progressivement s’est aplatie. J’ai perdu 22 kg en 14 mois, dont 10 kg les 100 premiers jours, puis une perte plus modérée depuis, 4 kg par 100 jours en moyenne. Il y a eu quelques petites périodes de doute, lorsque des “plateaux” semblent atteints, ou lorsque j’ai dû interrompre le régime plusieurs semaines pour cause de déplacement en famille non LCHF. Je savais que ça arriverait, puisque Westmann en parle dans son livre, et recommande de ne rien lâcher. C’est ce que j’ai fait, et le poids a toujours fini par rebaisser. La perte se fait plutôt par à-coups, chaque palier étant un peu plus bas que le précédent.
EatFat2BeFit : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui hésitent à franchir le pas ? A ceux qui démarrent ?
Vincent : D’abord, je pense que vous ne risquez rien à essayer. Par contre, il faut bien lire et bien comprendre les principes, le livre de Westmann est pour cela un très bon point d’entrée. Ensuite, ne pas avoir peur de manger gras, déculpabiliser par rapport au gras, et ne pas écouter ceux qui savent mieux que tout le monde comment maigrir sans avoir jamais eu à le faire.
Enfin, ne restez pas seul. Un groupe d’entraide comme le groupe Facebook EatFat2beFit est vraiment essentiel pour garder la motivation sur la durée, surtout quand le premier “plateau de poids” se produit.
Ah, et puis si vous ne cuisinez pas vous-même, il faudra évangéliser celui ou celle qui vous prépare le repas. Je n’ai pas eu ce problème, mais je suppose que ça doit être difficile, surtout si vous êtes le seul membre de la famille à avoir besoin de perdre du poids.
EatFat2BeFit : Un dernier mot pour nos lecteurs ? Votre prochain objectif ?
Vincent : Chaque individu est unique. Il y a peut-être des pathologies hormonales qui font que, chez certaines personnes, le résultat ne sera pas identique. Mon expérience n’est que cela : une expérience. Mais elle a changé ma vie, à bientôt 50 ans, et m’a redonné l’espoir d’une espérance de vie normale à long terme (les très gros vivent rarement très vieux…). Mon prochain objectif : perdre encore 20kg supplémentaires, et reprendre le sport aux beaux jours (j’hésite entre le kayak en ligne et l’aviron). Pour les kilos, je pense qu’il me faudra encore 18 mois environ. Je vais aussi me renseigner sur les programmes de tonification musculaire que l’on peut faire à domicile, sans appareils. Parce que ce n’est pas tout de perdre du poids, mais il faut retendre la peau par dessus le muscle ! Mais chaque chose en son temps…
EatFat2BeFit : Merci Vincent pour ce témoignage !
Note : Si vous aussi vous souhaitez apporter votre témoignage de l’alimentation LCHF aussi bien pour rester en forme que pour perdre du poids, dans le cadre d’une performance sportive ou pour lutter contre la maladie, n’hésitez pas à contacter EatFat2BeFit car chaque expérience partagée est précieuse.
Une réponse sur « Témoignage de Vincent pour ses 22 kg en moins grâce au régime cétogène »
Super témoignage merci !